s. m. Terme de Pharmacie. C'est une espece de cendre qu'on trouve sur le pavé des fournaises d'airain, qui est une espece de pompholix, selon les Medecins Grecs, qui luy ont donné ce nom de spodos, qui signifie cendre : mais les Medecins Arabes, comme Avicenne & autres, appellent spode, la cendre qui se fait des racines de cannes bruslées ; & les Modernes appellent le spode vulgaire, l'yvoire bruslé. On le contrefait en bruslant des os de boeuf, ou de chien, mais il est de nulle valeur. Son substitut est appellé des Grecs antispodium, qui est fait, selon Dioscoride, de feuilles de mirthe, de pommes de Caïn, de noix de galle, & autres semblables drogues calcinées.
s. m. Terme de Pharmacie. C'est un nom qu'on donne aux sucs de fruits depurez & cuits jusqu'à la consomption des deux tiers de leur humidité. On fait des robs de coins, de meures, de bayes de sureau, d'aloés, d'acacia, de reglisse, de berberis, & plusieurs autres pour diverses maladies. Le suc des groseilles rouges confit s'appelle rob de ribes. A l'égard du suc des raisins depurez, il s'appelle particulierement sapa, quand il est cuit jusqu'à la consomption des deux tiers ; & ce sapa est presque en consistence de syrop : mais quand il n'est cuit que jusqu'à la consomption du tiers, on l'appelle defrutum ; & c'est ce que le peuple appelle vin cuit : & quand on le cuit jusqu'à une consistence approchante des electuaires mols, c'est ce qu'on appelle resiné ; & alors on l'employe à diverses confitures. Ces vins sont appellez aussi aliments medicamenteux. Ce mot est en usage dans les boutiques des Apothicaires, quoy qu'originairement il soit purement Arabe, où il signifie un simple suc desseché au Soleil ou sur le feu, afin qu'il se puisse garder longuement sans corruption. On le prend quelquefois pour une composition de quelque suc avec du miel ou du sucre, & on le confond avec l'ooc. D'autres le derivent de rob, vieux mot Breton qui signifie rouge, d'où est venu aussi le nom de Robert, ou comme on disoit autrefois Robard, qui signifioit Chantre rouge.
subst. fem. Terme de Pharmacie, qui signifie autant que rob, c'est à dire, suc. La mive de coins est prise par quelques-uns pour la gelée de coins ; par d'autres pour le syrop seulement.
subst. fem. Terme de Pharmacie. Drogue medicinale. C'est un suc ou une liqueur blanche, douce, qui decoule d'elle-même, ou par incision des branches & des feuilles, même des fresnes tant ordinaires que sauvages, pendant la canicule & un peu auparavant. On ne la trouve que sur ces arbres, encore n'est-ce pas sur tous, mais principalement en Calabre & aux environs de Briançon. C'est pourquoy ceux-là se trompent lourdement, qui disent que c'est un miel de l'air, ou une espece de rosée qui vient d'une vapeur eslevée de la terre, & digerée dans l'air, condensée par le froid, qu'on recueille dans les pays chauds avant le lever du Soleil tant sur les plantes & les arbres, que sur les rochers & la terre même, qui disparoist lors que la chaleur survient. Car au contraire on l'amasse en plein Soleil, lequel la seche & la condense. De sorte qu'on la doit mettre au rang des gommes qui s'espaississent par la chaleur, & se resolvent dans l'humidité. Les Italiens en connoissent de trois sortes : manna di corpo, qui sort d'elle-même des branches de l'arbre dés le mois de Juillet : la seconde, manna forzata ou forzatella, qui ne se recueille au mois d'Aoust qu'aprés l'incision de l'arbre, & lors que la premiere a cessé de couler : la troisiéme, manna di fronda, qui sort d'elle-même en forme de petites gouttes d'eau, comme une espece de sueur, de la partie nerveuse des feuilles du fresne, qui sont de la grosseur des grains de froment, & qui s'endurcissent au Soleil au mois d'Aoust. On voit quelquefois ces feuilles si chargées de ces grains, qu'il semble qu'elles soient couvertes de neige. La manne est une medecine qui purge fort doucement, & qu'on prend dans des bouillons. Altomarus Medecin de Naples en a fait un Traitté exprés, & Joseph Donzellus confirme ce qu'il en a dit. La manne purge la bile, quoy qu'on la tienne une espece de miel ; & au contraire le miel ordinaire l'augmente. Fuchsius dit que les paysans du mont Liban mangent ordinairement la manne, comme ailleurs on fait le miel. A Mexique ils ont de la manne que l'on mange comme on fait le fromage en Europe.
subst. masc. Terme de Pharmacie. C'est une composition d'une consistence entre celle de syrop, & celle des juleps electuaires mols, destinée pour les maladies du poulmon. C'est un mot Arabe qui est demeuré en usage chez les Apothicaires. Les Latins l'ont appellé linctus, & les Grecs eklegma, à cause qu'on le prend en l'eschant. On le fait avec des sucs de plantes, d'amendes, de sucre, &c., comme les syrops. Le plus fameux est le looc sanum de Mesué. Il en fait aussi un autre avec le poulmon de renard, qu'il a emprunté d'Avicenne, qu'on tient singulier contre les ulceres du poulmon.