MAISNÉ, ÉE. subst. masc. & fem. Terme qui est commun dans les anciennes Coustumes & Histoires, pour dire, puisné & cadet. Dans la Coûtume de Cambray, on appelle maisneté, le droit qui appartient aux enfants puisnez dans la succession de leur pere ; & on disoit autrefois ainsné, pour dire l'aisné.
subst. fem. Logis, lieu où on se peut retirer, & remettre à couvert son bien & sa personne des injures du temps. On bastit les maisons de pierre de taille, de moilon, de brique ou de charpente. Il est deffendu de faire des maisons à plus de trois estages carrez. Les Notaires de campagne appellent, une maison haute, moyenne, & basse celle, où il y a trois lieux habitables les uns sur les autres. Cette maison a plusieurs appartements, plusieurs corps de logis ; c'est une maison bien dorée, bien bastie. L'ancienne Rome estoit composée de 48. mille maisons isolées. Paris n'en a environ que vingt mille. Les Mandians vont quester de maison en maison. Tout le bien de ce bourgeois est en maisons. On dit, Faire les honneurs de la maison, des civilitez qu'on fait à ceux qui rendent visite, ou qu'on a invitez à quelques ceremonies de famille. Ce mot vient de mausio & de maniere. Menage. En vieux Gaulois on disoit mas & masage, d'où viennent encore plusieurs noms des maisons de campagne, & de familles.
MAJEUR, EURE. adj. Qui est plus grand, plus fort, plus considerable qu'un autre. Personne n'est garant de la force majeure, des faits du Prince, des accidents impreveus. Les classes majeures ; les sciences majeures sont celles qui sont au-dessus des Humanitez. On appelle le Pont Euxin, la Mer Majour. L'Eglise a des excommunications majeures & mineures, des Feries majeures, comme celles de la semaine sainte. Les causes majeures sont des causes dont le Pape pretend estre le seul Juge. Il y en a trois especes dans l'ancien Droit ; les unes regardent la foy ; les secondes ont pour objet les points douteux & importans de la discipline ; les dernieres regardent les Evêques, lors qu'ils meritent la deposition. Jean Gerbais en a fait un Traitté sur le Chapitre de Concordat de Causis. Ce mot vient du Latin major.
adj. masc. & fem. & subst. Qui a la santé alterée par la predomination de quelqu'une des humeurs, ou autres causes. C'est une oeuvre de misericorde d'assister, de secourir, les malades. Cet homme est legerement malade, il n'est pas malade au lit. Il ne faut pas attendre qu'on soit malade à l'extermité pour appeller le Medecin. Le Medecin console le malade, s'il ne le guerit. Les remedes topiques soûlagent la partie malade. On ne sçait de quel mal cet homme est malade, C'est le malade imaginaire de Moliere. Il fait le malade. Dans la Relation de Michel Angelo de Goattini Missionnaire Capucin à Congo, il est dit qu'en ce Royaume-là on assigne un temps à un malade pour guerir, & s'il ne guerit point, les parens le tuent & le mangent. On dit aussi, qu'un arbre, qu'une plante sont malades, quand leurs feuilles n'ont pas la couleur qu'elles devroient avoir pour la saison. Nicod derive ce mot du Grec malakos ; Mesnage du Latin malatus ; qui se malè habet.