v. act. Rogner avec les dents, oster la chair d'autour d'un os avec les dents. Les chiens rongent les os. Il y avoit si peu à disner à ce festin, qu'il a fallu repasser ses os, & les ronger. Ce mot vient du Latin rodere.
RONGER, se dit aussi du dommage que fait la vermine, soit avec ses dents, ou autrement. Les rats rongent le grain & les hardes. Les vers rongent les estoffes, le bois, les livres.
RONGER, se dit aussi d'un corps qui en use ou consume un autre petit à petit. La mer ronge ses bords insensiblement. La lime, l'eau forte, la rouille, rongent le fer, & les autres metaux. Les poudres caustiques rongent la chair. Le temps ronge tout.
RONGER, se dit figurément des choses qui rongent ou consument l'esprit, ou le bien. La jalousie ronge cruellement l'esprit. Le ver de la conscience ronge éternellement le coeur. Ce Poëme sent bien ses ongles rongez. Les flatteurs, les parasites rongent les Grands. Ces nepveux ont rongé leur oncle jusqu'aux os. Les Sergens rongent le bon homme. Les Procureurs rongent leurs clients, ne les laissent point sortir d'affaire tant qu'ils trouvent dequoy ronger.
RONGER, se dit proverbialement en ces phrases. Cet homme est contraint de ronger son frein, d'attendre une occasion favorable de se venger, d'obtenir quelque employ, &c. On luy a donné un os à ronger, pour dire, On luy a suscité quelque affaire qui l'occupe fort, qui l'amuse & l'empesche de songer à nuire à autruy. On dit aussi de celuy qui n'a point d'employ, ou qui n'a pas de quoy manger, qu'il ronge son ratelier, qu'il ronge sa litiere.
RONGER
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- Written by: Antoine Furetière
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