C'est une composition qui se fait avec du salpestre, du soulfre & du charbon. Le salpestre est ce qui en cause le grand effet par son estrange rarefaction, qui le resout tout en vapeur & en air. Le soulfre est ce qui l'enflamme. Et parce que le salpestre éteindroit bientost la flamme du soulfre qui est fort legere, on y adjouste du charbon, qui est sec & plus solide, pour la soustenir. On fait de la poudre grenuë pour charger l'artillerie ; de la poudre fine, pour amorcer & pour charger les fusils. On peut faire de la poudre à canon blanche, rouge, jaune, verde & bleuë, suivant la composition qu'en donne Casimir Polonois en sa Pyrotechnie, comme aussi de la poudre muette, qu'on a appellée autrement poudre sourde, qu'on fait avec de la poudre commune, en y adjoustant du borax, de la pierre calaminaire, ou du sel armoniac, ou des taupes vives calcinées, ou de la seconde écorce du sureau. On dit que cette poudre a été inventée à Ferrare, & Scaliger en fait mention.
On appelle aussi poudre de plomb, ou cendrée, le plomb dont on charge les fufils, pour tirer au menu gibier.
On dit qu'une terre, qu'un Benefice sentent la poudre à canon, lors qu'ils sont proches des frontieres, ou sur le passage des trouppes, qu'ils sont en danger d'estre ruinez à la premiere declaration de guerre.
On dit qu'un Conquerant a mis une ville en poudre, pour dire, qu'il l'a destruite ; & poëtiquement, qu'il a fait mordre la poudre à ses ennemis, pour dire, qu'il les a deffaits & tuez.
Le Grand Montmorency n'est plus qu'un peu de poudre.
C'est ainsi que commence un Sonnet de Gombault, pour dire, Il est mort.
POUDRE DE PROJECTION, chez les Chymistes, est une poudre chimerique, qui, à ce qu'ils disent, a la vertu de convertir en or tout autre metail, lors qu'on en jette dessus, & qu'on les fond ensemble.
POUDRE, se dit proverbialement en ces phrases. Tirer sa poudre aux moineaux, c'est se donner bien de la peine pour une chose qui ne le merite pas, travailler en vain. Jetter de la poudre aux yeux, c'est preoccuper les gens, les esblouïr par un faux merite. Ce proverbe prend son origine de ceux qui couroient aux Jeux Olympiques, où l'on disoit de ceux qui avoient gagné le devant, qu'ils jettoient de la poudre aux yeux de ceux qui les suivoient, en élevant le menu sable & la poudre par le mouvement de leurs pieds : ce qui se dit figurément dans les autres occasions où il y a des competiteurs. On dit aussi de la poudre d'oribus, voyez Oribus ; de perlimpinpin, en parlant des choses qui n'ont aucune vertu ; de la poudre d'escampette, quand on prend la fuite.
POUDRE À CANON
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- Written by: Antoine Furetière
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