subst. masc. Acide, ou chaleur interne qui fait lever & bouillir ou fermenter les corps qui ne sont pas bien secs. Quand le foin est serré sans estre bien sec, il y reste un levain qui le fermente, qui le corrompt & le fait fumer. Le vin, la bierre, le cidre, ne bouillent qu'à cause du levain qu'ils enferment. L'huile de tartre est un levain qui fait une prompte fermentation, quand on la mesle avec l'esprit de vitriol ; ce qui arrive generalement à tous les acides meslés avec les alkali. Ce mot vient de levanum, à levando ; parce que le levain fait lever la paste. Voyez Ferment.

LEVAIN, est aussi un morceau de paste aigrie ou imbibée de quelque acide, qui fait lever, enfler & fermenter l'autre paste avec laquelle on le mesle ; & en ce cas il s'appelle Franc levain. Quand on y mesle de l'escume de bierre, il s'appelle leveure. Le pain ordinaire est fait avec du levain. Le pain sur lequel on consacre est sans levain. Souvent ceux qui cuisent envoyent emprunter un levain chez leur voisin pour faire leur paste. Un levain d'une livre est capable de faire aigrir une masse de paste aussi grosse que la terre.

LEVAIN, signifie aussi un principe de corruption qui est cause des maladies. Ce qui fait la longueur des fievres quartes, c'est qu'on ne peut chasser & purger le levain qui entretient la mauvaise humeur qui la cause.

LEVAIN, se dit figurément en choses morales. On apppelle en Theologie le levain du peché, l'inclination à malfaire qui vient de nostre nature corrompuë. On le dit aussi des passions, & sur tout de la haine & de l'amour. Ils ont beau paroistre amis, il leur restera toûjours un levain dans le coeur aprés tous les affronts qu'ils se sont faits. L'absence n'a pas guery cette amour, il y a encore du levain capable de la faire renaistre.