s. f. Lieu fermé qu'on eschauffe afin d'y faire suer, ou d'y faire chauffer quelque chose. Les gens propres vont aux bains & aux estuves pour se decrasser. Dans les sucreries, chez les Chapeliers, il y a des estuves pour y faire secher les pains de sucre, les chapeaux.

ESTUVE, se dit hyperboliquement d'une chambre chaude & bien fermée. Vous avez une bonne chambre pour l'hiver, c'est une estuve. On ne sçauroit durer en esté dans la grande sale du Palais, c'est une estuve. Ce mot vient de stubae ou stuffae, dont on s'est servi dans la basse Latinité en la même signification ; lequel mot est derivé par Lipse de tubus ou tuyau qui porte la chaleur ; par Saumaise du Grec typho, qui signifie eschauffer ; par Vossius de l'Alleman stuben ou stub, qui signifie estuve ; ou du Latin aestuo. Menage. Il vient plustost de stoufa, mot Celtique ou Bas-Breton qui signifie boucher, parce qu'une estuve doit estre bien bouchée. On les a nommées aussi vaporarium, hypocaustum.

En Medecine on distingue les estuves en seches & humides. Les seches sont faites avec une évaporation d'air chaud & sec, qui en eschauffant tout le corps, en ouvre les pores, & esmeut les sueurs ; ce qui se fait par des grés ou briques fort chauffées. Les estuves humides sont faites par une decoction & ébullition d'herbes, dont la vapeur est conduite par des canaux de fer blanc dans une cuve à deux fonds, où on a mis le malade pour luy provoquer la sueur. L'usage d'entretenir la santé par le moyen des estuves a esté inventé à Lacedemone.